Accéder au contenu principal

Forum des Halles, la controverse de la couleur...



Une polémique résumée à sa couleur... Voici la Canopée, nouveau symbole des Halles au coeur de Paris inaugurée début avril en plein coeur de Paris. De la réussite du projet urbanistique parvenant à créer un vrai lien entre le boulevard Sébastopol et la Bourse du Commerce, de la facilité des échanges et des accès à la nouvelle station RER, de la beauté de cette raie manta architecturale étalant ses voiles sur un jardin en devenir, on ne parle pas.Les Parisiens s’intéressent davantage, eux, à la couleur, hors norme, du toit semi-ouvert, les panneaux de verre ayant été voulus jaune-vert pâle par l’architecte. Patrick Berger souhaitait que la lumière tombant du toit ait la couleur de celle filtrée par les arbres d’une canopée. D’où le nom...
Une chose est sûre: le public n'a pas saisi spontanément le concept. Certains notent surtout un contraste malheureux avec les tons de pierre blonde et de zinc gris du quartier, prenant même les panneaux en verre pour du plastique, vu leur couleur…

Il faut reconnaître le voisinage est sensible, encadré par une architecture patrimoniale parisienne emblématique, entre l’église Saint-Eustache et l'ancienne halle aux blés destinée à abriter les futures oeuvres d'art de la fondation Pinault.




Chez certains Parisiens, les mots n'ont pas été tendres pour qualifier l'esthétique de l'édifice. La couleur de sa structure – qui tire vers le jaune de Naples – est particulièrement pointée du doigt. La couleur est également critiquée par Le Monde, qui la qualifie de "jaune lavasse" qui rappellerait "les assiettes à dessert des restaurants routiers ou des hôpitaux", "une sorte de jaune paille (...) qui jure à peine avec le blanc du vieux Forum". La Canopée est raillée jusqu'en Grande-Bretagne. Le Guardian (en anglais) évoque "un fiasco couleur crème anglaise" dans son article sur l'édifice. "Hésitant entre le sable et le beurre rance selon la lumière, la structure en acier jaune donne un air résolument institutionnel à l’intérieur des lieux, estime le quotidien britannique. C'est l'un des pires actes de vandalisme urbain."




A peine inaugurée, la Canopée suscite donc la polémique sur le choix de sa couleur, présentée par son architecte Patrick Berger comme une couleur "sable". "Nous cherchions une couleur douce pour avoir une lumière diffuse. La lumière a légitimé la couleur. On arrive sur une place arborée dont la Canopée diffuse une lumière douce, où le ciel est fragmenté. C'est ceci qui a été traduit en architecture. Petit à petit, on est arrivé à cette tonalité", a-t-il dit lors du discours d'inauguration.
Pour le député et conseiller de Paris LR Pierre Lellouche dans une lettre ouverte à Anne Hidalgo, la structure est "massive, laide et jaunâtre". Pour Gilles Pourraix, vice-président de l'association de riverains Accomplir, très critique, "c'est pas gai, gai, cette espèce de jaune. Quand il pleuvra, on aura tous le teint jaune", dit-il à l'AFP.





"C’est comme si on regardait le soleil en face", explique Danielle Mahieu au Parisien. Cette riveraine explique être obligée de fermer les rideaux de son appartement dès 13 heures et de vivre dans l'obscurité, tant l'effet de réverbération provoqué par l'édifice en verre est puissant. "La lumière renvoyée est aussi violente que celle d’un projecteur de cinéma, raconte un voisin dans les colonnes du quotidien. Et ça chauffe…"




Et, ici, le problème de la réverbération est nettement plus grave que celui de la couleur. Car Dominique Huchet, le directeur du réaménagement des Halles à la SemPariSeine, reconnaît que le sujet n'a "pas été anticipé". Il relativise cependant : "Le phénomène de réverbération sur la Canopée est le même que celui observé sur les façades en verre d’un grand nombre d’immeubles à Paris". A la seule exception près que les façades en verre des immeubles ne sont pas légion dans le centre historique de la ville...









Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le bleu, l'architecture et l'Alsace

Trente ans après le concept de Géographie de la couleur© de Jean-Philippe Lenclos qui établissait le constat des couleurs dans l'architecture traditionnelle des provinces françaises, il est intéressant de prendre en compte les dérives constatées aujourd'hui en matière de coloration des façades. Autrefois, douces et subtiles, liées à la qualité des matériaux locaux, des pigments naturels, des sulfates de fer, du bleu de méthylène, du bleu de cobalt... voire du bleu de lessive, les façades des maisons alsaciennes présentaient des colorations fugaces, douces, patinées car estompables avec le temps. Les façades sont aujourd'hui toujours plus colorées, tant en ville que dans les villages, principalement à cause des nouvelles solutions techniques apportées par les produits industrielles, peintures et enduits. Le phénomène est intéressant car il est général et l'œil avisé saura reconnaître partout cette volonté de toujours plus de couleur, au détriment du charme, de la patine ...

Les couleurs dans The Grand Budapest Hotel.

Le film embarque le spectateur dans l’histoire de Monsieur Gustave, concierge du Grand Budapest Hôtel, et d’un jeune porteur, Zéro Mustafa. Ces deux personnages vont se lier d’amitié en se retrouvant mêlés à la disparition d’une peinture, un meurtre et une guerre en cours.  Le film a été fortement apprécié pour ces couleurs agréables et son esthétisme distingué. Nous retrouvons l’histoire même du film dans le choix des couleurs. A premier abord, le Grand Budapest Hôtel paraît féérique avec sa façade rose clair, bleu et blanche. Cela rappelle les couleurs de l’enfance, l’extérieur de l’hôtel paraît idyllique. Quand on pénètre à l’intérieur, l’accueil et les ascenseurs sont peints en rouge vif et le personnel à un uniforme violet. Les couleurs de la façade symbolisent l’innocence et la nostalgie de l’enfance. Nous retrouvons cette nostalgie clairement évoquée par Zéro Mustafa qui raconte son histoire. De plus, cette nostalgie domine la manière dont Zéro...

Couleur du mois : couleur de Père Noël

  La Légende de l’évêque Saint Nicolas veut que le saint ait ressuscité trois petits enfants qui étaient venus demander l'hospitalité à un boucher. Celui-ci les accueillit et profita de leur sommeil pour les découper en morceaux et les mettre au saloir. Sept ans plus tard, Saint Nicolas, passant par là, demande au boucher de lui servir ce petit salé vieux de sept ans. Terrorisé le boucher prit la fuite et Saint Nicolas fit revenir les enfants à la vie. Cette légende est à l'origine d'une célèbre chansonnette : "Ils étaient trois petits enfants qui s'en allaient glaner aux champs..." Nicolas de Bari est un évêque de l'empire d'Orient renommé pour sa Charité et sa Foi combative. Plus connu sous le nom de Saint-Nicolas, il est évêque protecteur de la ville grecque de Myre, aux confins de l'actuelle Turquie, au 4e siècle après Jésus-Christ. De son vivant, Nicolas de Myre fut le protecteur des enfants, des veuves et des ...