Le gris n’a jamais autant été dans l’air gris du temps. Synthèse de l’époque, le gris exprime le trouble de nos sociétés, entre crises économique, politique et morale, traumatisme des attentats, stupeur des menaces, crainte des conflits et des guerres, qu’elles soient commerciales, idéologiques ou religieuses. De tous les gris, le gris souris est sans doute le premier nom de la couleur grise qui vient à l’esprit, le gris le plus courant et le plus utilisé. Mais curieusement, le moins référent aussi car, alors qu’il est pensé comme un gris neutre moyen, le gris souris est en réalité un gris chaud foncé, à l’identique du poil de la bestiole. Le gris neutre de la souris grise n’existe que dans l’imaginaire collectif. A croire que comme son inspiratrice qui se cache, le gris souris est fait pour ne pas être vu, aussi neutre que possible, à l’intérieur d’un champ chromatique du gris défini par la faiblesse ou l’absence de couleur. Cette grande neutralité vaut d