Du vandalisme artistique au design industriel, la frontière est parfois mince. Récent exemple en date à Toulouse, un banc public relooké à la station Barrière de Paris a tellement plu au constructeur qu'il a décidé d'inviter le malfaiteur à plancher sur d'autres modèles. Le résultat a été présenté du 22 au 24 novembre au salon des maires à Paris, un meeting important pour le marché du mobilier urbain. Le malfaiteur pourrait bien devenir le bienfaiteur de l'industriel. Il est d'ores et déjà le promoteur reconnu de la couleur en milieu urbain...
À l'origine de la forfaiture, Chat maigre, un artiste de la rue à qui l'on doit notamment la décoration de radars en couleurs et l'habillage des cabines d'ascenseurs du métro de Toulouse ligne B en 2008. Et si celui-ci a fondé avec un ami son entreprise de design KLD, ses happenings artistiques gardent la même tonalité. Il ne résiste pas au plaisir d'habiller d'autocollants de couleurs, les meubles urbains gris et froids. «J'aime imaginer les gens avec un sourire en banane lorsqu'ils passent dans la rue, empruntent le métro d'habitude morne», explique Chat maigre.
Il y a un an, alors qu'il se rend à son bureau en passant à proximité du métro Barrière de Paris, le plasticien décide de redécorer l'un des bancs devant lesquels il passe tous les jours. «J'ai fait ça un soir, cela m'a pris une heure et demie. J'ai recouvert chaque bandeau d'acier avec des bandes d'adhésifs de couleurs, un peu comme le fait Paul Smith mais avec les teintes les plus chaudes». Chat maigre intervient de nuit, se photographie en action et publie ses interventions sur son blog chat-maigre.over-blog.com.
Les rayures verticales arc-en-ciel, c'est un peu la marque de fabrique de Chat maigre. Une lubie artistique qu'il a testée pour la première fois sur sa machine à laver, il y a 15 ans.
Le résultat de la recoloration fait sensation auprès des passants. «Je l'ai constaté en passant devant, sur les commentaires laissés sur mon blog. Par contre, le prototype n'a pas tenu, les bandes ont été arrachées».
En tout cas, l'attaque en technicolor n'a pas échappé à Area, le fabriquant lui aussi installé à Toulouse, qui a contacté Chat maigre en mai pour une collaboration. «Leader dans la fabrication de mobilier public», Area a déjà vendu un peu partout dans le monde 8.000 modèles du banc Lisbonne depuis sa création, il y a quinze ans. «Nous sommes en train de mettre au point avec KLD un modèle résistant. On vient d'y parvenir grâce à de l'adhésif utilisé dans l'aéronautique recouvert d'un fixateur. L'idée est d'en faire probablement une série limitée où les villes pourraient poser un banc coloré au milieu des modèles classiques», explique Gilles Boudou, le directeur général d'Aréa.
En attendant que les passants puissent s'asseoir haut en couleur, Chat maigre pose sa palette et ses rubans dans d'autres villes à la demande des mairies. Il travaille actuellement avec la ville de Pau.
www.kld-design.fr
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