




La transformation même du bâtiment semble être une métaphore de l’activité qu’il abritera bientôt : dans le XVIIIe arrondissement de Paris, des anciens bureaux de la SNCF en mauvais état ont été transformés en une école lumineuse de la deuxième chance. Cet établissement s’adresse à 140 jeunes âgés de 18 à 25 ans, pour lesquels l’école n’a pas été un succès. Pendant une formation de neuf mois à un an, ils apprennent à maîtriser les savoirs de base (lire, écrire, compter, utiliser l’informatique…) et découvrent le monde du travail via des stages en entreprise. L’école de la deuxième chance doit les aider à comprendre et assimiler les mécanismes de la société dans laquelle ils se trouvent.
L’architecture comme outil pédagogique
Pour l’équipe d’architectes Palatre et Leclere, l’objectif principal était donc «d’installer les jeunes dans un bâtiment à valeur positive». Du bâtiment original, ils n’ont gardé que les quatre murs et certaines poutres, encore visibles et mises en valeur au dernier étage de ce R+2. Un lieu de rassemblement, vaste et lumineux, a été créé près de l’escalier central. La lumière y afflue de toute part, puisque de nouvelles ouvertures ont été créées à l’intérieur, créant respirations et fluidité au sein du bâtiment. Pas de salles de classe formelles, mais plutôt des espaces d’échanges avec, au milieu, de grandes tables autour desquelles se retrouver. «Ces élèves ne veulent plus venir dans le système scolaire classique. Il s’agit plutôt d’accompagnement», précise Olivier Palatre.
L’articulation des lieux a effectivement été pensée en ce sens. Les différentes pièces, ainsi que les circulations, sont à dominante blanche avec des touches colorées, apportant une dynamique tout en créant une signalétique. «Nous avons pris le parti de faire quelque chose de très clair, en espérant que les lieux seraient respectés», confie Olivier Palatre. «Cela fait aussi partie de l’apprentissage. Ces élèves ont été en échec, et pour une fois, on les met dans des locaux qui ont été travaillés. C’est déjà une forme de mise en valeur, et cela pourra servir d’outil pédagogique».
Coursives et néons
Mais la réflexion des architectes ne s’est pas limitée qu’à l’intérieur du bâtiment. L’habillage extérieur offre un signal doux et coloré pour s’intégrer dans le quartier et le parc attenant, tout en y apportant une valeur ajoutée. «Nous devions insérer un escalier de secours pour des raisons de sécurité incendie. Nous avons donc choisi de le mettre sur la façade donnant sur le jardin, afin de donner un atout au projet», explique Olivier Palatre. Les coursives permettent en effet d’ajouter un lieu de rencontre ou de détente, sans agrandir le bâtiment et tout en donnant une identité visuelle au projet.
Des courbes métalliques recouvrent ces escaliers et coursives, qui servent à la fois de décoration et de garde-corps. Un réseau de tubes néons colorés, mis en place avec Franck Frajou, concepteur lumière, vient compléter ce dispositif. Ainsi, la façade sera illuminée chaque soir. «La façade peut être vue comme une intervention artistique, visible par les riverains et les passants du jardin Eole. C’est un choix délibéré d’apporter un élément architectural fort, souvent absent de ces quartiers», indiquent les architectes.
Elèves et formateurs investiront l’école de la deuxième chance à la fin du mois de janvier.
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