Accéder au contenu principal

Noire comme de l'eau...






D’ici quelques semaines, le magasin Colette et quelques autres réseaux branchés de la distribution spécialisée proposeront au public français la première eau minérale naturellement… noire. Son nom blk (pour black) est celui de la société canadienne qui la produit et la commercialise outre-Atlantique depuis 2012. L’entreprise assure que cette eau est 100% naturelle, une eau minérale classique, sans colorant, sans sucre, sans glucide, sans calorie, sans caféine etc..., uniquement chargée d'acide fulvique qui la teinte.





Blk. ne tiendrait uniquement sa couleur que d’une infusion aux minéraux fulviques, parmi lesquels le bore, le silicium  le zinc, le germanium ou le fer. Des minéraux aux vertus apparemment nombreuses pour améliorer "les fonctions cérébrales et cognitives, la mémoire et la concentration ou encore, pour la résistance immunitaire, la cicatrisation, la reproduction, la croissance". Et la richesse de cette eau en acides aminés favoriserait également la réparation musculaire et la performance sportive, et celle en alcalin, réduirait l’acide urique… En bref, une eau minérale naturelle aux propriétés quasi médicales pour ne pas dire magiques...





Un tel produit avec une telle promesse peut-il se revendiquer comme une simple eau minérale naturelle ? De deux choses l’une, soit il s'agit d'un alicament, soit il s’agit d’un excès de langage, d’une sur-promesse. Pour l’heure, la marque n’a pas encore fait de publicité autre qu’auprès des médias et ne peut donc se voir opposer un discours mensonger. Elle va de plus pré-lancer son produit noir à petite échelle auprès de populations naturellement ouvertes à l’innovation et aux produits de rupture en investissant leur boutique de prédilection : Colette. Une bouteille à rajouter à son fameux waterbar !




Si la couleur noire 100 % naturelle s’explique par la présence de minéraux fulviques de la décoction, le choix d’en faire l’argument n’est-il pas risqué ? Surtout sur le marché français, très attaché à la qualité de son eau, pour lequel l'eau a traditionnellement des vertus de transparence cristalline, de fraîcheur, de pureté. On est ici loin du concept... 






Un précédent rappelle à ce sujet qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible d’effacer auprès du consommateur certains marqueurs : il y a quelques années Coca-Cola qui avait souhaité lancer un soda transparent au goût de cola, avait été contraint de faire machine arrière, un Coca étant jugé comme ne pouvant pas être transparent.







Consciente du risque, et quel que soit l’accueil réservé au produit, il est évident que blk. aurait peut-être mieux fait de se positionner comme une eau vitaminée ou une boisson sportive, segments sur lesquels les couleurs sont davantage tolérées. Cette eau noire en a d’autant plus intérêt qu’elle entretient une certaine ambiguité sur sa mission finale. L'entreprise annonce en effet que "blk. est idéale pour accompagner un entrainement sportif mais également pour la vie au quotidien". Le marché des boissons étant aujourd’hui très segmenté, où chaque boisson a son affectation, la posture laisse le consommateur évoluer en eau trouble.


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

couleur & architecture... dingues !

L'architecture contemporaine, quand elle se défoule et se lâche, associe souvent humour, rêve, fantaisie et couleur. Au-delà de la performance et de la créativité, de la surprise devant tant de liberté dans l'usage de lois défiant gravité, équilibre et normalité, voilà un petit palmarès parmi 15 excentricités non dénuées de charme, trouvées ici et là de par le monde... La légende de cette maison-coquillage mexicaine servant d'introduction à cet inventaire à la Prévert est en fin d'article... 1. Maison molle (Sopot, Pologne) Construite de janvier à décembre 2003, les architectes de ce projet fondu sont Jan Marcin Szancer, célèbre artiste polonais et illustrateur de livres pour enfants, et Per Dahlberg, un peintre suédois vivant à Sopot. Maison molle (Pologne) 2. La Forêt en Spirale d'Hundertwasser (Darmstadt, Allemagne) Cet ilôt de verdure a été construit à Darmstadt entre 1998 et

Le bleu, l'architecture et l'Alsace

Trente ans après le concept de Géographie de la couleur© de Jean-Philippe Lenclos qui établissait le constat des couleurs dans l'architecture traditionnelle des provinces françaises, il est intéressant de prendre en compte les dérives constatées aujourd'hui en matière de coloration des façades. Autrefois, douces et subtiles, liées à la qualité des matériaux locaux, des pigments naturels, des sulfates de fer, du bleu de méthylène, du bleu de cobalt... voire du bleu de lessive, les façades des maisons alsaciennes présentaient des colorations fugaces, douces, patinées car estompables avec le temps. Les façades sont aujourd'hui toujours plus colorées, tant en ville que dans les villages, principalement à cause des nouvelles solutions techniques apportées par les produits industrielles, peintures et enduits. Le phénomène est intéressant car il est général et l'œil avisé saura reconnaître partout cette volonté de toujours plus de couleur, au détriment du charme, de la patine

Les couleurs dans The Grand Budapest Hotel.

Le film embarque le spectateur dans l’histoire de Monsieur Gustave, concierge du Grand Budapest Hôtel, et d’un jeune porteur, Zéro Mustafa. Ces deux personnages vont se lier d’amitié en se retrouvant mêlés à la disparition d’une peinture, un meurtre et une guerre en cours.  Le film a été fortement apprécié pour ces couleurs agréables et son esthétisme distingué. Nous retrouvons l’histoire même du film dans le choix des couleurs. A premier abord, le Grand Budapest Hôtel paraît féérique avec sa façade rose clair, bleu et blanche. Cela rappelle les couleurs de l’enfance, l’extérieur de l’hôtel paraît idyllique. Quand on pénètre à l’intérieur, l’accueil et les ascenseurs sont peints en rouge vif et le personnel à un uniforme violet. Les couleurs de la façade symbolisent l’innocence et la nostalgie de l’enfance. Nous retrouvons cette nostalgie clairement évoquée par Zéro Mustafa qui raconte son histoire. De plus, cette nostalgie domine la manière dont Zéro rac