Des logements sociaux tout nouveaux, tout beaux réinventent la rue Rebière, à Paris. Une renaissance grâce à un projet mené par neuf équipes internationales d’architectes qui font swinguer hauteurs, jardins, couleurs, matériaux, formes et balcons...
La tour Raphaëlle Hondelatte et Mathieu Laporte, rue Rebière à Paris
La rue Rebière, dans le XVIIe arrondissement de Paris, est plutôt inconnue, voire mal famée, coincée entre le cimetière des Batignolles, la façade austère du lycée Balzac et le périphérique. En pourtant, en dépit de ces pauvres atouts, la rue Pierre-Rebière s’anime d’une ribambelle de joyeux immeubles qui font déjà swinguer ce quartier renaissant. Cette opération vient en effet enrichir la rénovation de la porte Pouchet qui sera achevée en 2013 et dont le joyau sera le futur palais de justice en verre de Renzo Piano.
Le projet de bâtir «Autrement rue Rebière» a signifié que neuf équipes d’architectes internationaux ont travaillé ensemble - ce qui est rare -, coordonnés par l’agence d’architecture Périphériques. Grâce aux workshops qu’ils ont menés, ils ont pu créer une séquence de pleins et de vides, d'immeubles) et de jardinets, bien rythmée. Ils ont ainsi unifié clôtures et bardages, discuté de la circulation et des espaces de jardins sur leurs parcelles communes, tout en gardant le langage spécifique de chaque concepteur. Deux immeubles, sortis du «Lot A», sont représentatifs d’une architecture qui recherche de nouvelles typologies d’habitat social.
C’est l’agence Hondelatte Laporte Architectes qui, dès l’intersection avec la rue Saint-Just, joue la première vigie de ce nouveau paysage, avec deux tourelles de balcons, en forme ovoïde de gélules colorées comme des fleurs. Raphaëlle Hondelatte précise sa démarche : «Le Plan local d’urbanisme (PLU) interdit les vues frontales côté tombes, autorise seulement des petites ouvertures nommées "jours de souffrance". Quel affreux mot ! Nous avons pris le cimetière comme une qualité, pas comme un problème, c’est un poumon vert de 900 arbres. C’est évidemment notre relation à la mort que l’on voudrait cacher.»
Les deux architectes ont joué avec l’arrondi de l’angle de rue, ont pu monter plus haut que les autres. Leurs deux immeubles - dix et quatre niveaux - se regardent au-dessus d’un jardinet intérieur. Ils offrent en façade un damier gris et blanc de plaques d’acier thermolaqué ou galvanisé, qu'anime par la couleur tout un spectre complet de teintes affirmées, joyeuses et toniques. La couleur sert ici de signalétique et de repérage. Les formes des balcons sont fondues, molles, douces et la couleur leur confère un agrément et un confort visuel indubitable. La construction de l’ensemble adopte le système poteau-poutre en béton qui libère l’espace intérieur, le rend transformable. Les architectes ont ainsi opté pour une pièce en plus, juchée sur ces tours de terrasses reliées aux logements par des passerelles.
«Ces espaces extérieurs généreux, certes saisonniers, créent un sentiment spatial différent, poursuit Raphaëlle Hondelatte. Ils sont projetés dans le paysage parisien, conçu comme un grand jardin visuel. On voit aussi son appartement de son balcon, ce qui crée un effet maison.» Couvertes, isolées les unes des autres, ces pièces de 14 m2, en lévitation, sont sur pilotis et offrent une vue imprenable... sur le calme d'un cimetière élévé au grade de nouvel espace vert.
«Ces espaces extérieurs généreux, certes saisonniers, créent un sentiment spatial différent, poursuit Raphaëlle Hondelatte. Ils sont projetés dans le paysage parisien, conçu comme un grand jardin visuel. On voit aussi son appartement de son balcon, ce qui crée un effet maison.» Couvertes, isolées les unes des autres, ces pièces de 14 m2, en lévitation, sont sur pilotis et offrent une vue imprenable... sur le calme d'un cimetière élévé au grade de nouvel espace vert.
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