
En travaux depuis sept ans, la Gaîté Lyrique ouvre enfin ses portes au public. Désormais, le théâtre qui a vu passer Offenbach et Luis Mariano est paré pour devenir le symbole des cultures numériques à Paris. Aux manettes de ce projet, Manuelle Gautrand qui a imaginé un lieu modulable et design.

Dans le 3ème arrondissement de Paris, la façade Second Empire de la Gaîté Lyrique fait son petit effet sur les passants, qui sont encore plus intrigués par le flot de visiteurs venus voir ce qui se trame à l’intérieur de cet ancien théâtre à l’italienne. Exit les opérettes ! Après sept ans de travaux, le monument affiche une nouvelle ambition : devenir un haut-lieu de la culture numérique. Le site, dont le foyer historique et le vestibule ont été entièrement conservés, est désormais prêt à accueillir tous types d’événements : des expositions, des concerts de musiques électroniques, des pièces de théâtre, des performances ou encore des spectacles vivants et multimédia. Pour satisfaire ce vaste cahier des charges, l’architecte Manuelle Gautrand a dû imaginer un programme modulable et adaptable, et par conséquent très recherché : «Le projet est aussi, et même avant tout, un projet très technique : permettre à tous ces enjeux architecturaux et programmatiques de prendre forme a nécessité tout d‘abord la création d’un projet technique très complexe», confie l’architecte.

En outre, l’architecte a dû et su tirer profit de la pluridisciplinarité du théâtre pour créer une atmosphère design résolument tournée vers l’avenir. Son idée : proposer un site en perpétuel mouvement. «Nous avons estimé qu’aucun de ces espaces ne peut rester figé. Il doit pouvoir évoluer dans le temps, changer d’ambiance et de fonction, être le plus flexible possible», note la pilote du projet, précisant qu’ainsi l’espace se réinvente à chaque fois.

Ce sont celles que l’on baptise «Les éclaireuses» qui permettent d’offrir ce renouvellement continu. Se présentant comme des modules cubiques mobiles et ouverts, elles sont implantées à chaque étage et peuvent être utilisées comme des loges, des bureaux, des annexes techniques mais également comme des résidences d’artistes, ou des espaces pour chercheurs. Mais surtout elles «permettent de fabriquer puis dé-fabriquer une multitude de scénographies au rythme de la vie du lieu…».

Grâce à cette configuration, Manuelle Gautrand a pu agencer un corner dédié aux jeux vidéo et un centre de ressources et de documentation qui pourra évoluer avec le temps.
Véritable scène créative, cette nouvelle Gaîté Lyrique semble déjà inspirer les artistes puisque les premiers performers à s’exposer utilisent tous les outils du bâtiment : «L’appropriation est pleine et surtout pleine de bonheur !», se félicite l’architecte.


Abritant trois volumes majeurs composés d’une grande salle, d’une petite salle et d’un auditorium, la Gaîté Lyrique a dû maîtriser un paramètre de taille : l’acoustique. En effet, entouré de 120 logements mitoyens, le site a dû résoudre la problématique de l’isolation phonique. Non sans appréhension, la règle fut audace et création : «Le projet est conçu avec un principe de 'boîtes dans la boîte', à l’image des poupées russes, qui isolent progressivement les différents espaces, jusqu’à envelopper en son cœur les trois espaces les plus « sonores », dont la grande salle» d’une capacité de 750 places debout.

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